Partages de Gwenaëlle Aubry

Voici ma deuxième lecture de février pour le Prix des Lecteurs du Livre de Poche! Un roman très intéressant

Editeur : Editions Le Livre de Poche (192 pages)

Note: 3/5

Quatrième de couverture

Posé contre un mur, devant une échoppe, il y avait un grand miroir. Je me suis arrêtée pour me voir tout entière, de la tête aux pieds. Devant moi une fille, une touriste ou une juive, je ne sais pas, se regardait dans un miroir plus petit accroché à côté. Elle portait une robe qui dénudait ses jambes et ses bras mais soudain elle a sorti un foulard de son sac et l’a noué sur ses cheveux. J’ai trouvé ça bizarre, j’ai cherché son reflet. Et là, un instant, j’ai vu dans le cadre étroit deux visages si semblables que je n’ai plus su qui je regardais. Cela m’a fait peur, vite je suis partie, je me suis effacée. En 2002, c’est la seconde Intifada. Sarah, Juive d’origine polonaise, née et élevée à New York, est revenue vivre en Israël avec sa mère après les attentats du 11-Septembre. Leila a grandi dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Toutes deux ont dix-sept ans. Leurs voix alternent dans un passage incessant des frontières et des mondes, puis se mêlent au rythme d’une marche qui, à travers les rues de Jérusalem, les conduit l’une vers l’autre. Partages est un roman sur la communauté et sur la séparation, sur ce qui unit et divise à la fois. Soeurs ennemies, Leïla et Sarah sont deux Antigone dont le corps est la terre où border et ensevelir leurs morts.

Mon avis

Le récit des deux jeunes filles est fait à la première personne. On alterne les points de vue de Leïla et Sarah, toutes les deux habitantes de Jérusalem mais pas du même côté du mur.

J’ai au départ eu beaucoup de mal à distinguer qui était qui. A tel point que j’ai même dû regarder plusieurs fois le résumé pour me situer dans le contexte. En effet, entre Leila et Sarah, difficile de faire la différence tellement leurs voix se ressemblent. Je suppose que c’est vraiment une volonté de l’auteure, mais la conséquence est que cela prend un peu de temps pour les différencier. Puis on s’y habitue et elles finissent par avoir des vies bien distinctes, une histoire. Jusqu’à ce qu’on arrive à la fin du roman où tout est mélangé à nouveau: les paragraphes commencent au milieu d’une phrase et se finissent aussi sans conclusion. Pour moi ça n’avait ni queue ni tête et j’avoue ne pas avoir cherché à comprendre beaucoup plus. Le style d’écriture ne m’a donc pas vraiment emballé.

Là où j’ai été plus conquise, ça a été sur le sujet abordé. Finalement je me suis rendue compte que je ne m’étais jamais interrogée sur ce qu’il se passait vraiment en Israël et sur ce que pouvaient ressentir les gens là bas aussi bien du côté palestinien qu’israélien. Je pense que l’auteure a essayé de ne pas prendre parti et je sais qu’à le fin elle remercie les gens qui lui ont apporté des témoignages donc ce n’est pas une situation qu’elle a vécu elle même. Mais j’ai trouvé que ce qu’elle décrivait était dur et là encore, je me suis vraiment demandé si la situation était vraiment comme ça. Elle décrit une Leila dans une famille palestinienne où les enfants jouent au juif et au martyr. Ça m’a vraiment choqué que des enfants puissent vouloir devenir des martyrs. Mais qui suis-je pour juger? Puis du côté de Sarah, elle décrit une famille juive marquée par leur histoire, par le fait de se croire sans cesse persécuté, victime des autres et qui ont besoin de prendre leur revanche.

C’est donc difficile de parler de ce roman. On ne peut pas dire que j’ai pris plaisir à le lire car il est dur et il traite d’un sujet sensible. Mais néanmoins je l’ai trouvé très intéressant et il a suscité une multitude d’émotions: de l’étonnement vis-à-vis des manières de penser des deux protagonistes, des interrogations sur ce qu’il se passe vraiment là-bas mais aussi de l’indignation vis-à-vis de cette situation qui a l’air sans issue.

Petit à petit, on assiste aux changements chez les deux jeunes filles qui glissent vers ces extrêmes comme si c’était une fatalité, une évidence. J’ai vraiment été révoltée mais en même temps, peut-être est-ce la réalité? Ce livre m’a vraiment fait réfléchir et je pense que certains pourraient sûrement apprécier ce point de vue des deux jeunes filles et le parti pris de l’auteure.

Je recommande donc ce livre à ceux qui aiment ce genre de sujet qui fait réfléchir avec une narration à la première personne.

25 réflexions sur “Partages de Gwenaëlle Aubry

  1. Ce n’est pas vraiment mon genre de roman, mais j’avoue qu’il m’intrigue beaucoup. Je pense qu’il doit être assez dur, cependant le fait de le vivre à travers de jeunes femmes doit être très intéressant.

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